Des hommes battus et torturés à mort dans une opération de "sécurisation".

Le Conseil de l'Europe dénonce la détérioration des droits de l'Homme en Tchétchénie

12 juillet 2001

STRASBOURG (AP) -- L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a dénoncé avec force jeudi la ''rapide détérioration'' de la situation des droits de l'Homme en Tchétchénie et condamné l'absence ''déplorable'' d'enquêtes réelles sur les accusations de violations.

Dans une déclaration d'une inhabituelle fermeté, le président de l'assemblée parlementaire, Lord Russel-Johnston, a estimé que la non traduction en justice des criminels constituait ''une violation flagrante des obligations qui sont celles de la Russie'', en tant que membre du Conseil de l'Europe.

''Au cours des dernières semaines, les preuves se sont accumulées sur la rapide détérioration de la situation des droits de l'Homme en Tchétchénie'', a-t-il souligné. ''Il y a peu de doutes que ces faits soient largement imputables à la conduite des forces russes, comme cela a été le cas lors des récentes opérations de 'nettoyage' menées à Assinorvskaïa et Sernovordsk.''

Selon les témoignages d'habitants de ces villages situées au nord-ouest de Grozny, des militaires russes y ont raflé les 2 et 3 juillet tous les hommes, qu'ils ont battus et torturés à mort dans le cadre d'une opération dite de sécurisation.

Cette action a été critiquée mercredi par le général Vladimir Moltenskoï, commandant par intérim des forces russes dans le Caucase Nord, qui a reconnu que ses troupes avaient commis des ''crimes à grande échelle'' et s'étaient comportées de ''manière anarchique'' la semaine dernière en Tchétchénie.

Une enquête a été ouverte sur ces faits et le porte-parole du Kremlin pour la Tchétchénie, Sergueï Iastrjembski, a assuré que l'armée réfléchirait désormais à deux fois avant de lancer de telles opérations.

Reste que pour M. Russel-Johnston, les dernières informations en provenance de la petite république séparatiste font apparaître de la part de Moscou un ''manque de volonté déplorable pour enquêter de façon appropriée sur les allégations de violations.''

Une délégation de membres de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe doit se rendre en Tchétchénie du 13 au 16 juillet pour y examiner la situation sur le terrain en vue du débat prévu à Strasbourg lors de la session du 24 au 28 septembre.