Conférence de presse de Ilias Akhmadov
28 June 2001

Aujourd'hui à l'hôtel de ville à 11 h a eu lieu une conférence de presse du ministre tchétchène des Affaires Etrangères Ilias Akhmadov, à l'invitation du groupe Les Verts au Conseil de Paris.

Ont été présentés également un certain nombre d'images, essentiellement tournées en Tchétchénie par les civils tchétchènes sur les arrestations, violences, mutilations : interview d'un jeune homme sortant de l'Internat d'Ourous Martan, corps trouvés près de la base militaire de Khankala, restes de corps de quatre personnes ligotés et explosés à la grenade, quatre corps d'hommes dont les organes ont été enlevées puis recousus et qui font parler les Tchétchènes de trafic d'organes, et un père, son fils et ses deux neveux (14 13 et 11 ans) retrouvés morts torturés et fusillés alors qu'ils faisaient pâtre leur troupeau.

Dans sa conférence de presse Ilias Akhmadov a souligné que les guerres de la Russie avaient toujours été sales, barbares et inefficaces, que les autorités russes sont totalement déconnectées de ce qui se passe sur le terrain, qu'elles n'exercent pas de contrôle et que le contingent militaire n'est qu'une bande de brigands surarmés. La première victime est toujours la population civile tchétchène, et même s'il est difficile de donner des chiffres précis et que ceux ci ne peuvent exprimer précisément ce que représentent autant de tués, disparus, torturés, on peut quand même rappeler que le groupe de Khasboulatov parle de 10 000 morts et que Mémorial parle de 25 000. En revanche, Manilov, un général qui n'a jamais mis les pieds à la guerre mais connaît au soldat près le nombre de soldats russes tués, est incapable de donner une évaluation du nombre de morts civils tchétchène ; aucun des officiels russes ne l'a fait d'ailleurs et ils considèrent cela comme les dégâts collatéraux de l'opération anti-terroriste. Comme les autorités russes rejettent le terme de crime de guerre car selon eux ce n'est pas une guerre, il va falloir inventer un nouveau terme, celui d'opération antiterroriste.

Alors que la communauté internationale s'est distinguée par son absence totale de réaction, en Tchétchénie les gens sont déjà devenus des zombies, ils considèrent comme normal tout ce qui leur arrive.

Quant aux experts du Conseil de l'Europe et de l'Assemblée Parlementaire, ils travaillent en Tchétchénie au côté des autorités russes, ils écrivent de telles contre-vérités et leur rapports ont des conséquences tellement néfastes qu'il annonce officiellement au nom de Maskhadov que si cela continue ils seront personna non grata en Tchétchénie avec toutes les conséquences qui en découlent.

Ils appellent les autorités francaises à soutenir l'initiative du parlement danois de dépôt d'une plainte contre la Russie devant la Cour Européenne des droits de l'Homme et rappelle à Chirac de bien regarder les mains de Poutine quand il va les lui serrer en se rendant en Russie, car il a autant de sang de victimes innocentes sur les mains que n'en avait Milosevic.

A la question de pourquoi la politique de la France est-elle aussi timorée, il répond que la France a accepté la logique selon laquelle les Tchétchènes étaient des citoyens russes dont la Russie "s'occupait" et que pour la France le gaz ou un concept de défense globale est plus important que la mort de dizaines de milliers de personnes.

A une question il répond que les horreurs commises ne sont pas le fait de "bandes hors de contrôle", mais répondent bien à une politique d'état, déjà fixée par Poutine quand il appelait à buter les Tchétchènes dans les toilettes. Les règlement de compte entre troupes russes à coup de tirs d'artillerie et parfois d'aviation sont la caractéristique d'un manque de contrôle dont souffrent les civils, mais les exactions commises relèvent d'une politique d'Etat méthodique qui dure depuis 20 mois.

Et il ne sait pas quoi conseiller aux journalistes qui se demandent comment contrer la propagande du gouvernement russe, en soulignant qu'en Tchétchénie il y a deux guerres, celle menée par l'armée et celle de Iastrjembski, porte parole du Kremlin et menteur professionnel.