Chirac à Moscou...

Conférence de Presse conjointe de J. Chirac et V. Poutine

2 juillet 2001

… Alors que la conférence de presse allait s'achever sans qu'ait été à un seul moment prononcé le nom de la Tchétchénie, il fut demandé à M. Chirac si ce silence, de la part d'un pays qui avait pris des positions assez fermes sur ce sujet, signifiait que la France s'était désormais résignée à n'avoir plus aucun espoir d'exercer une influence sur le comportement russe. Une scène assez étrange a alors eu lieu. Souriant, M. Chirac, à qui la question était clairement destinée, a laissé la parole à M. Poutine, qui souligna qu'au cours de leurs entretiens le président français avait "abordé le premier le sujet". M. Poutine s'est alors lancé dans un développement attendu sur les "mercenaires étrangers, la plupart du temps chargés d'héroïne", avec lesquels jamais la Russie n'accepterait de négocier. Il a ajouté que les observateurs de l'OSCE pouvaient se rendre sur place à présent. M. Chirac, après avoir curieusement expliqué qu'il "n'avait pas entendu la question", a simplement ajouté que la France estimait "indispensable" que ce problème soit réglé "dans la mesure du possible de manière politique". Pas un mot de plus.

Jan Krauze
Le Monde, mercredi 4 juillet 2001