Le président tchétchène appelle le G7 à faire pression sur Vladimir Poutine
20 juillet 2001
MOSCOU, 20 juil (AFP) - Le président tchétchène Aslan Maskhadov a lancé vendredi "un appel désespéré" aux leaders du G7 réunis à Gênes pour qu'ils fassent pression sur le président russe Vladimir Poutine afin que cesse l'"extermination" du peuple tchétchène.
"Moi, Aslan Maskhadov, le président démocratiquement élu de la république de Tchétchénie, j'écris cet appel désespéré au nom de mon peuple, victime d'une guerre génocide dont les meurtres quotidiens n'ont pas encore réussi à éveiller la conscience du monde que vous dirigez", indique son message transmis à l'AFP.
"Nous sommes aussi misérables, ensanglantés et asservis que vous êtes riches, puissants et libres", ajoute le président indépendantiste qui n'est plus reconnu par Moscou depuis le lancement de l'offensive militaire russe en Tchétchénie le 1er octobre 1999.
"Sur une population qui comptait jadis un million de personnes, un Tchétchène sur sept aujourd'hui est mort", poursuit le texte.
"Comment pouvez-vous à la fois vous réjouir du fait que Slobodan Milosevic (ex-président yougoslave) va enfin être jugé et accueillir Vladimir Poutine comme un partenaire crédible", s'interroge le président.
Il souhaite que les leaders des pays les plus industrialisés (G7), qui forment avec la Russie le G8, "prennent des mesures pour encourager des négociations et l'instauration d'un cessez-le-feu".
Le président russe, qui a quitté Moscou en début d'après-midi pour Gênes, rejette officiellement toute idée de négociations avec le président indépendantiste.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Memorial doute que l'appel de Maskhadov soit entendu. "La Tchétchénie est un sujet douloureux et les leaders du G7 vont éviter d'en parler. Ils préfèrent croire Poutine qui leur dit que tout va bien", a déclaré à l'AFP Tatiana Kassatkina.
Les troupes russes, qui ont perdu en Tchétchénie 11 hommes dans les dernières 24 heures, n'ont toujours pas réussi à rétablir l'ordre dans la république rebelle. Elles sont accusées de nombreuses exactions contre les civils par les organisations de défense des droits de l'Homme et les Tchétchènes pro-russes.
Le Kremlin a annoncé jeudi, à la veille de l'ouverture du sommet du G8, que six soldats avaient été arrêtés après de "récents ratissages" dans trois localités de la Tchétchénie. Ces opérations ont fait au moins sept morts et trois disparus, selon Mémorial.
L'administrateur tchétchène pro-russe Akhmad Kadyrov, nommé par Moscou, a estimé vendredi que ces mesures n'étaient pas suffisantes et a appelé à des sanctions contre "les généraux moscovites" qui dirigent l'opération anti-terroriste en Tchétchénie, son appellation officielle. "On ne peut rétablir la confiance du peuple tchétchène que si on punit les chefs", a-t-il averti.
Un haut responsable russe a reconnu que Moscou était incapable actuellement d'assurer le retour des réfugiés tchétchènes qui craignent pour leur sécurité. "Tous les efforts que nous avons entrepris n'ont pas donné de résultats", a déclaré le ministre russe chargé de la reconstruction de la Tchétchénie, Vladimir Elaguine. Ce sont principalement les familles dont les hommes ont combattu aux côtés des indépendantistes et celles dont les garçons sont âgés de plus de 12 ans qui refusent de rentrer, a souligné M. Elaguine.
La plupart des réfugiés tchétchènes ont trouvé asile en Ingouchie qui évalue leur nombre à environ 140.000.