La guerre terminera "quand les Tchétchènes seront tous morts"
Chômage et ruines, Alkhan-Kala attend la fin de la guerre de Tchétchénie
25 août 2001
ALKHAN-KALA (Russie), 25 août (AFP) - Terres en friche, maisons en ruine et chômage, les habitants d'Alkhan-Kala (5 km au sud-ouest de Grozny) attendent désespérément la fin de plus de 22 mois de guerre en Tchétchénie et l'argent promis par Moscou pour la reconstruction de leur village.
"Il n'y a pas de travail ici. Les seuls qui touchent un peu d'argent sont les retraités", affirme Arbi, un jeune homme revenu récemment s'installer au village après avoir quitté un camp de réfugiés en Ingouchie voisine.
L'agriculture était avant la guerre une importante source de revenus pour les résidents d'Alkhan-Kala, mais aujourd'hui 30% seulement des terres peuvent être cultivées.
"Notre grand problème, c'est les mines. Il y a en partout dans les champs", explique le directeur du sovkhoze local (ferme d'Etat), Soultan Abdoullaïev. "Il faudrait aussi changer l'équipement agricole, complètement hors service. Cette année, nous n'avons reçu qu'une moissonneuse-batteuse", ajoute ce Tchétchène de 58 ans.
M. Abdoullaïev affirme ne pas avoir d'argent pour payer ses quelques employés qui reçoivent, en guise de paiement, pommes de terre, carottes et choux. "Mais c'est mieux que rien", dit-il, soulignant qu'une grande partie des 9. 000 habitants du village dépendent de l'aide humanitaire que parviennent avec grand-peine à leur acheminer des organisations non gouvernementales basées en Ingouchie.
"L'absence d'eau potable et d'électricité constitue un autre problème", explique Malika Oumatova, chef de l'administration tchétchène pro-russe de la localité. Mme Oumatova, 50 ans, a été élue il y a quelques semaines à la tête de l'administration après que son prédécesseur eut été assassiné par les rebelles qui considèrent les Tchétchènes pro-russes comme des traîtres. "Je n'ai pas peur, c'est un sentiment auquel ici il ne faut pas trop penser pour pouvoir continuer à vivre normalement", dit-elle.
Mais la peur est palpable dans le village. Au crépuscule les rues se vident. Par crainte pour leur sécurité, médecins et infirmiers désertent même l'unique hôpital, laissant seuls pour la nuit les malades alités.
Les jeunes hommes redoutent d'être arrêtés par les forces fédérales qui les soupçonnent d'être liés aux rebelles. Ils craignent aussi la vengeance sanglante des combattants contre ceux qui collaborent avec l'"occupant russe" ou ne luttent pas contre lui.
"Nous n'avons plus grand espoir de voir se terminer prochainement cette guerre. Les Russes ne veulent pas discuter avec notre président (Aslan Maskhadov)", dit Arbi. Maskhadov n'est plus reconnu par Moscou depuis l'entrée des forces russes en Tchétchénie le 1er octobre 1999.
"Et ils ne viendront pas à bout des Tchétchènes avant des dizaines d'années, lorsque ceux-ci seront tous morts", conclut Arbi.
Source : Yahou actualités
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