La "guerre des mines" et des embuscades se poursuit

La Tchétchénie secouée par un nouvel attentat rebelle: 12 morts

29 août 2001

MOSCOU, 29 août (AFP) - Les forces russes ont subi un nouveau revers en Tchétchénie avec la mort de 12 personnes, dont six civils et quatre militaires, tuées mardi soir dans un attentat à la voiture piégée, le plus meurtrier depuis huit mois dans la république rebelle.

Deux employés de l'administration militaire locale ont également péri dans l'attentat survenu dans le village d'Oktiabrskoïé, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Grozny, a indiqué mercredi le commandement militaire local cité par l'agence Interfax.

L'explosion s'est produite au passage d'un convoi militaire russe, à quelques pas du marché local où la voiture piégée avait été abandonnée. Un groupe de rebelles a ensuite ouvert le feu sur le convoi avant de prendre la fuite. Quatre civils et deux policiers ont été blessés.

Un des tireurs embusqués a été arrêté, selon les militaires russes.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en Tchétchénie depuis décembre dernier, quand 22 civils avaient péri dans l'explosion d'une voiture piégée à Alkhan-Iourt (sud-ouest).

Par ailleurs une dizaine d'indépendantistes ont été abattus mercredi lors d'un accrochage avec les forces fédérales près de la localité de Vedeno (sud-est), une zone particulièrement tendue, selon les services de sécurité russes (FSB, ex-KGB).

Presque deux ans après leur entrée en Tchétchénie le 1er octobre 1999, les forces fédérales continuent d'être la cible quasi quotidienne d'attaques meurtrières témoignant de leur incapacité à normaliser la situation dans la petite république indépendantiste du Caucase du Nord.

"Les accrochages continueront dans certaines régions de Tchétchénie. Il serait naïf de croire que des bandits et des terroristes, des gens qui ne souhaitent pas la stabilité dans leur région, se rendront dans quelques années", a déclaré le représentant du Kremlin pour les droits de l'Homme en Tchétchénie, Vladimir Kalamanov.

Depuis cinq jours, huit personnes, dont cinq policiers, ont été tuées dans divers incidents en Tchétchénie, selon des sources militaires russes.

La "guerre des mines" et des embuscades n'a jamais cessé de faire rage en Tchétchénie, mais elle s'est particulièrement intensifiée depuis le début de l'été à Grozny, la capitale en ruine, et dans les régions montagneuses du Sud-Est.

Même les plaines du Nord, les premières régions à avoir été "pacifiées" par les troupes russes, sont devenues le théâtre fréquent d'accrochages entre forces fédérales et indépendantistes.

Sur son site internet kavkaz.org, la fraction radicale des indépendantistes affirme contrôler plusieurs localités de la région montagneuse de Vedeno (sud-est), le fief du célèbre chef de guerre Chamil Bassaïev.

Les autorités russes ont démenti ces informations tout en reconnaissant la recrudescence des activités rebelles dans cette zone, où au moins trois hélicoptères russes ont été dernièrement endommagés ou abattus par des tirs.

Des hélicoptères de combat Mi-24 ont continué à pilonner la région de Vedeno, détruisant une base rebelle, selon l'état-major russe cité par l'agence Itar-Tass.

De 3 à 5.000 rebelles, selon des estimations russes, sont toujours actifs en Tchétchénie, parmi lesquels les principaux chefs de guerre Chamil Bassaïev, Khattab, Rouslan Guelaïev et le président indépendantiste Aslan Maskhadov.

Quelque 140.000 Tchétchènes sont toujours réfugiés dans la république russe voisine d'Ingouchie, et certains s'apprêtent à passer leur troisième hiver dans des camps de toile, selon l'administration ingouche