"Chaque jour des soldats et des officiers sont tués, mais nous sommes obligés de tout nier".

Lourdes pertes russes en Tchétchénie

18 January 2002

MOSCOU, 18 jan (AFP) - Le Haut Commissaire de l'ONU pour les Réfugiés (HCR) Ruud Lubbers a qualifié vendredi le président indépendantiste Aslan Maskhadov de "figure clef" pour un règlement du conflit tchétchène, alors que les rebelles ont poursuivi leur guérilla meurtrière, tuant quatre policiers tchétchènes pro-russes dans les dernières 24 heures. "Maskhadov n'est certainement pas un terroriste", a déclaré M. Lubbers, refusant d'assimiler les rebelles à des terroristes comme le font les autorités russes.

"On peut le critiquer parce qu'il n'a pas été toujours capable d'empêcher certains actes de violence. Mais si je parle des Tchétchènes qui cherchent une issue (au conflit), en excluant les éléments étrangers et de nouveaux actes de violence, Maskhadov doit être une figure clef", a-t-il ajouté.

Depuis le lancement de leur "opération antiterroriste" en Tchétchénie le 1er octobre 1999, les autorités russes ne reconnaissent plus la légitimité du président Maskhadov, qui a été démocratiquement élu en 1997.

Sur le terrain, deux policiers ont été abattus et deux autres découverts dans leur voiture calcinée, selon des sources pro-russes citées par Itar-Tass.

Le quotidien Izvestia rapporte qu'une trentaine de soldats russes ont été tués en Tchétchénie dans la seule journée de mercredi, contredisant le bilan de neuf morts donné jeudi par les forces russes.

"Nous connaissons la vérité sur les pertes, mais on nous a défendus de parler. Seul Moscou est autorisé à les rendre publiques (...) Chaque jour des soldats et des officiers sont tués, mais nous sommes obligés de tout nier", a déclaré au journal un officier russe.

Selon l'organisation des Mères de Soldats, les pertes réelles de l'armée en Tchétchénie sont au moins deux à deux fois et demi plus élevées que les chiffres officiels. Quelque 3.500 soldats russes et 11.000 combattants rebelles ont été tués depuis le début de l'intervention russe dans la république séparatiste de Tchétchénie le 1er octobre 1999, selon des chiffres officiels russes.

Les corps de deux civils tchétchènes ont par ailleurs été découverts près du village de Tchetchen-Aoul (12 km au sud de Grozny). Ils ont été tués "par balles et à coups de couteaux", selon le ministère russe de l'Intérieur cité par l'agence Interfax.

L'ONG russe Mémorial a dénoncé cette semaine, sur la base de témoignages, les exactions perpétrées par des soldats russes à Tsotsin-Iourt (sud-est) qui ont fait, selon elle, cinq morts et six disparus parmi les civils.

Le chef du HCR s'est lui aussi inquiété des violations des droits de l'Hommes commises par les militaires russes en Tchétchénie, les jugeant "absolument inacceptables".