"Les représailles commenceront dans trois jours." - Kommersant.

Tchétchénie : une offre de reddition en trompe-l'oeil

25 septembre 2001

MOSCOU, 25 sept (AFP) - L'offre de reddition dans les 72 heures de Vladimir Poutine aux rebelles tchétchènes a été interprétée mardi en Russie comme le signal d'une répression accrue passé ce délai, à la faveur du soutien russe à la croisade antiterroriste de Washington.

La présidence indépendantiste d'Aslan Maskhadov a implicitement refusé cette offre, accusant Moscou de "profiter des événements tragiques aux Etats-Unis pour obtenir de l'Occident qu'il ne critique plus la barbarie des militaires" en Tchétchénie.

Vladimir Poutine a fait sa proposition lundi soir à la fin d'un discours à la nation consacré à la coopération qu'apporterait Moscou à une opération militaire des Américains contre l'Afghanistan après les attentats du 11 septembre.

"Les événements en Tchétchénie ne peuvent être considérés hors du contexte de la lutte internationale contre le terrorisme", a souligné le président, reprenant la thèse officielle selon laquelle l'armée fédérale est intervenue en Tchétchénie le 1er octobre 1999 pour écraser "un foyer du terrorisme" mondial.

Les Occidentaux, y compris les Américains, ont été jusqu'à présent peu sensibles à la version du Kremlin, s'inquiétant avant tout des violations des droits de l'Homme commises dans la république indépendantiste par les soldats russes, mais Moscou espère que la tragédie survenue à New York et à Washington a changé la donne.

Les Russes sont d'autant plus confortés dans leurs arguments qu'ils affirment avoir les preuves qu'Oussama ben Laden, principal suspect des attentats du 11 septembre qui se serait réfugié en Afghanistan, a armé et financé la fraction la plus radicale des rebelles tchétchènes.

"On ne peux pas diviser le terrorisme en ''bon'' et ''mauvais'' terrorisme", a souligné le ministre de la Défense Sergueï Ivanov, à l'adresse des Américains.

Les chances de succès de l'offre du Kremlin ont suscité le plus grand scepticisme, la presse et des parlementaires y voyant surtout une porte ouverte à une répression accrue passé le délai des 72 heures.

"Les représailles commenceront dans trois jours. En Tchétchénie", titrait le quotidien Kommersant.

"Les Américains vont bombarder l'Afghanistan, ensuite les Russes feront de même en Tchétchénie. Nous sommes démocrates (car nous avons prévenu les Tchétchènes). Bush et Staline les auraient détruits dès le 12 septembre", au lendemain des attentats, a lancé l'ultranationaliste Vladimir Jirinovski.

"Il faut que les rebelles comprennent : ils n'ont plus de chance de s'échapper, ils vont être détruits", a renchéri le président de la Douma (chambre basse du parlement), le communiste Guennadi Seleznev.

Le "compte à rebours a commencé" pour les rebelles auxquels Vladimir Poutine a "peut-être donné une chance pour la dernière fois" de rendre leurs armes, a déclaré le général russe Viktor Kazantsev, chargé par le président d'organiser la reddition.

"Aujourd'hui, il y a encore une possibilité d'en finir avec cette guerre dont tout le monde est fatigué", a ajouté le général.

Aucune reddition n'avait été signalée en fin de matinée.

"Cette offre est absolument irréaliste. Lors de la dernière offre d'amnistie en mai 2000, ceux qui se sont rendus ont été condamnés par la justice. Les gens n'ont plus confiance", souligne Tatiana Kassatkina de l'organisation de défense des droits de l'Homme Memorial.

Sur le terrain, l'armée russe a d'ailleurs poursuivi mardi comme d'habitude ses opérations en bombardant des bases rebelles dans le sud-est de la Tchétchénie, où jusqu'à huit rebelles ont été tués, selon l'état-major des forces russes dans le Caucase du nord, cité par Itar-Tass.


Poutine donne trois jours aux rebelles tchétchènes pour négocier

24 septembre 2001


MOSCOU (Reuters) - Vladimir Poutine a sommé les rebelles tchétchènes, qu'il a accusés de bénéficier du soutien des "terroristes internationaux", d'ouvrir des négociations de paix d'ici 72 heures.

"Je suggère aux membres de toutes les formations armées illégales et à ceux qui se présentent comme des acteurs politiques de rompre immédiatement les contacts avec les terroristes internationaux et leurs organisations", a déclaré le chef de l'Etat russe dans une allocution télévisée à la Nation.

"Dans les prochaines 72 heures, (ils doivent) approcher les responsables officiels des institutions fédérales pour discuter des questions suivantes: modalités du désarmement des formations et groupes illégaux et de leur inclusion dans la vie civile en Tchétchénie".

Poutine, qui est attendu (demain) mardi en visite d'Etat en Allemagne, n'a pas précisé ce qu'il adviendrait au terme de son ultimatum de trois jours.

Le maître du Kremlin a toujours affirmé que la guerre civile en Tchétchénie, au même titre que les attentats du 11 septembre commis aux Etats-Unis, était le fruit du terrorisme international et devaient être traité comme tel par les Occidentaux.